Parti d’un répertoire de splendides chansons et romances russes, héritage dont Natacha Fialkovsky, fille d’immigré russe, reçu dès l’enfance l’enseignement, le groupe Natacha & Nuits de Princes, ne perd pas de vue ce climat émotionnel initial, tout en évoluant pas à pas vers des adaptations ou des créations de chansons écrites par la douce Natacha, et arrangées ou composées avec un talent aisé par le guitariste et directeur artistique du groupe, Olivier Cahours.

Ses arrangements généreux donnent à chaque instrument aux timbres complémentaires : balalaïka et domra russes, contrebasse guitare classique et guitare à cordes acier – l’occasion de trouver leur place naturelle et de développer leurs registres singuliers et suaves.

Au fil des années, Natacha & Nuits de Princes s’est installé dans la maturité d’un son de groupe identifiable, chose pas si courante. Peut-être y faut-il autant d’amitié que de musicalité. Un beau son acoustique d’instrument à cordes qui, avec la voix prenante, simple et enveloppante de Natacha, est propre à exprimer une tonalité de tendresse, d’enfance, de mélancolie, de gravité, d’humour et de swing mais aussi de calme et de légèreté.

Ces cinq instrumentistes délicats et virtuoses n’oublient jamais qu’ils doivent ce bonheur de jeu, certes  à leur formation classique ou jazzistique, mais aussi à cette source précieuse des chansons slaves de référence, passionnément sentimentales. Ainsi, que se passe-t-il lors d’un concert de Natacha & Nuits de Princes ? Eh bien ! On est là. Tout simplement. Présent et amoureux.
Bernard Davois

Natacha Fialkovsky : Chant et balalaïka

Tout commence quand la jeune Natacha, chanteuse au fameux cabaret Balalaïka de Marc de Loutchek décide de fonder un groupe qui prend comme nom le titre du roman très coloré de Joseph Kessel “Nuits de Princes” relatant les folles nuits des cabarets russes à Paris dans les années 1920. Si le nom du groupe s’impose comme une évidence, trouver des partenaires est moins aisé car Natacha veut à la fois conserver cette musicalité et cette ambiance sentimentale si bien décrite par Kessel, tout en y apportant comme une traduction, quelque chose de différent, y insuffler un sang neuf, mélanger les cultures tout en gardant ses racines. Il faudra attendre l’année 1999 pour parvenir à partager avec les musiciens idoines l’aventure musicale qu’est le groupe désormais intitulé Natacha & Nuits de Princes. Natacha commence alors à écrire des chansons en collaboration avec Olivier Cahours qui en compose les musiques, ou à adapter des chansons russes méconnues revisitées par des arrangements et une orchestration originale sans en trahir l’esprit.

Issue d’une famille de Russes blancs, Natacha est passionnée de musique depuis l’enfance. Après des études de balalaïka au conservatoire Rachmaninov de Paris, elle s’est produite avec les formations slaves les plus connues : Bratsch, Cabaret Raspoutine, Ivan Rebroff, Marc de Loutchek, le Chœur tzigane Kazansky, l’Orchestre de Balalaïkas Saint-Georges, Kalina (chants traditionnels à capella) et participe à de nombreux enregistrement pour Gallimard jeunesse aux côtés de Bernard Davois et Jean-Philippe Crespin…Elle a également participé à l’enregistrement du dernier album de Karl Zero “Songs for Moonlight Swim and Otros Tipos de Ocupaciones”. Elle monte aux cotés de Pascal Monge les spectacles musicaux “Nuits de Montmartre” d’après les textes de    Joseph, Kessel et “Obladi Obaldia” d’après ‘ exobiographie de René de Obaldia .


Olivier Cahours : Guitare, arrangements et composition

Au départ musicien de jazz, mais jouant sur une guitare classique à 7 cordes, Olivier Cahours écrit des mélodies « sur mesure » pour Natacha & Nuits de Princes. Il parvient avec ingéniosité à mettre chaque instrument en valeur et à dégager le son du groupe. Compositeur, interprète et arrangeur, il l’est également pour ses propres formations (Solo, Duo, Trio et Sur la Route). Olivier Cahours est l’invité de nombreux festivals : Parc floral de Paris, Flâneries de Reims, Grenoble Jazz Festival, Jazz en Touraine, Masters Guitare de Pau…Il a joué avec Jean-François Jenny Clark, Eric Barret, Peter King, Bertrand Renaudin, Enrico Rava, Palle Danielson, Sharon Evans, Deborah Tanguy…

 

 


Pascal Storch : Guitare, chant, cavaquinho, cajon

D’origine russe, polonaise, roumaine et…française, Pascal étudie tout d’abord la guitare classique et brésilienne puis fonde le groupe brésilien Parioca. Il côtoie alors Joao Bosco, Les Etoiles, Roland Dyens et Tonino Ramos…. Suite à une rencontre fortuite avec Natacha qui l’embarque d’abord dans le Chœur Kazansky, puis dans le groupe Natacha & Nuits de Princes, puis enfin dans le spectacle « Nuits de Montmartre » lecture en musique sur des textes de Joseph Kessel, il se tourne définitivement vers les musiques de l’Est. Il joue également dans des formations de musiques judéo-espagnoles et Klezmer avec Yankélé, Marlène Samoun et Eve Grumer. Il offre au groupe le fruit de toutes ces expériences.

 

 


Natalia Trocina : Domra

Née à Obnisk, Natalia a commencé comme toutes les petites filles russes à étudier la domra à 7 ans au conservatoire. A 15 ans, en revanche, elle intègre le prestigieux conservatoire Gnessine à Moscou. Après avoir obtenu ses diplômes, elle devient lauréate des concours de musique traditionnelle russe à Moscou, Kalouga, Novossibirsk. Elle retourne ensuite à Obninsk, sa ville natale pour y enseigner la domra au conservatoire et jouer dans l’orchestre d’instruments traditionnels de la ville. Arrivée en France, elle intègre très rapidement, l’orchestre du Raspoutine, L’Orchestre de Balalaïkas Saint Georges, et Natacha & Nuits de Princes.

 


Discographie

Gamayun (Inouïe Distribution)

Comment tu t’appelles (Milan Records)

Tant que la Terre Tourne  (Night & Day/Milan Records)

Rêve sur deux guitares

Le groupe Natacha et Nuits de Princes a été sélectionné pour le prix Bruno Coquatrix 2007

Concerts

Donnés à Paris et ses environs

New Morning, L’Européen, Le Zèbre de Belleville (première partie de Césaria Evora), Theâtre National de Chaillot , Théâtre du Gymnase (Festival Bonne Nouvelle sur les Boulevards), Cirque Romanès, Festival « Soirs d’été » Mairie du 3ème arrondissement, Théâtre de la Renaissance, Théâtre 13, Vingtième Théâtre, Théâtre du Ranelagh, Grande Halle de la Villette, Sudden Théâtre, Lepic Théâtre, Théâtre du Renard, Théâtre du petit Hébertot, Théâtre Montansier à Versailles, Espace Charles Vanel à Lagny, Palais des sports de Levallois, Théâtre Les Déchargeurs, Théâtre du Campagnol, Cabaret Sauvage, Le Studio de l’Ermitage, La Ferme du Buisson de Noisiel pour la campagne des «Colibris» puis en résidence et enfin en concert, « Musique au Comptoir » de Fontenay sous bois, Le Divan du Monde, Le Réservoir, Satellit’ Café, Opus Café, Duc des Lombards, Glaz’Art, Les Arènes de Montmartre, Festival Onz’ Bouge, Festival Paris Macadam, Le Musée des arts Forains, L’Entrepôt, Blue Note, Mairie de St Mandé, L’Auditorium Dispan de Floran de l’Hay les Roses, L’Eglise St Colombe de Chevilly Larue, L’auberge de Sivry, la Gentilhommière d’Orgeval, l’Espace Jacques Prévert à Savigny le Temple, Le Moulin jaune de Slava le Clown, Péniches Anako et Demoiselle, Marbrerie de Montreuil, Eglise St Serge, Etablissement “Perce Neige” de Colombes…

En Province

Le Trident à Cherbourg, Festival  « A Toutes Voix » de Trouville, Moulin d’Andé, Un été à Bourges, Estivales en Anjou, Abbaye de Solignac, l’Orange Bleue (première partie des Yeux noirs), Théâtre St Louis à Pau, Salle Jean Hoveg de Vendenheim, La Passerelle à  Mauléon, Les Tanzmatten à Sélestat, Festival des Loges, Festival de la Contemplation de Tauxigny  (la nuit des étoiles), Maison pour Tous à Beaucourt, Le Mas du Mée sur seine, Festival « Guitares du Monde » à St André les vergers, Journée du Patrimoine à Lognes, Poilly lez Giens, Château les Châteliers à Paulmy, Festival international « Cordes et Pics » au Karellis, Salle Lucien Sallée de Serres, Arts scènes à Boussac, « Quai des arts » à Vibraye, Salle René Duby à Eguilles, Festival Depayz’art à Monceaux les Meaux, Festival en pays Briare, St Léonard, les concerts classiques d’Epinal, la Ferme du Bois Richeux, Festival Musical’ile de l’Ile Tudy, Espace Desfriches à Olivet, Festival de Confolens, Espace François Simon de Carolles, Espace Octave Mirbeau à Rémalard en Perche, Festival des Musiques sacrées et du Monde de Abbayes de Sylvanès

Dans le Monde

Jazz Festival de Koktebel en Ukraine. Palais des congrès de Kiev, Palais de Kalouga à Moscou.

Radios

France-Culture (Etonnants voyageurs à St Malo), France Musique (les enfants de la musique), France-Inter (Le fou du roi, Sur le pont les artistes, Sous les étoiles, (en Play-list), Fip (Play list), Europe 1 (direct), Chérie Fm (play list), Radio Bleue (play list), Radio Nova (direct), Aligre (direct).

Filmographie

Kiss & Kill

Comédie romantique de Robert Luketic, avec Ashton Kutcher, Katherine Heigl et Tom Selleck sortie en France en juin 2010 (à la B.O)

Hell

Comédie dramatique de Bruno Chiche avec Sarah Forestier. Sorti en mars 2006. (à l’écran et à la B.O)

Rire et Châtiment

Comédie populaire réalisée par Isabelle Doval, avec José Garcia. Distribué par Luc Besson. Sorti en janvier 2003, le groupe apparaît à l’écran, participe la B. O. du film et du générique de fin.

Zapoï

Court métrage de Vladimir Tchernine avec Edouard Baer. Première expérience cinématographique du groupe dans sa première version (avec Bernard Davois et Sergueï Fedorov).


Évènementiel

Nous avons animés des soirées de …

France Télécom, Croisière Figaro, Fusée Ariane, caviar Kaspia, Badrutt’s Palace Hôtel de St Moritz, Maloja Palace d’Engadine, Salon Hoche de Paris, Musée des Arts Forains, Musée du Louvre, Musée d’Orsay, Ecole des Beaux Arts, restaurant de la tour Montparnasse, Starter plus, Hôtel Bristol, Pavillon dauphine, Aeroflot ainsi que de nombreuses soirées privées…


Revue de Presse

– La flamboyante Natacha Fialkovsky et son quintet réchauffent les steppes parisiennes avec leur bohème aristocratique, mélange de romances russes et d’airs tsiganes, de berceuses slaves et de swing manouche, traversé parfois de chanson française. Le nouvel album s’appelle Gamayun, du nom d’un oiseau mythologique dont les plumes de feu se déploient ici sur un dense tapis de cordes (domra, contrebasse, guitares et balalaïka).

Anne Berthod (fff Télérama)

– “Natacha est de la trempe de ces femmes dont la voix chante l’âme de tout un peuple. Le sien. Le nôtre… Elle est de la race des Cesaria Evora, Amalia Rodrigues, Elis Régina et bien sûr Valia Dimitrievitch.
Soutenue par un groupe de musiciens hors pair, sa voix, savant mélange de violence et de sensualité, descend en droite ligne de celle des grandes chanteuses de blues ou de flamenco.
A une époque où les coups de cœur se font rares, une « Nuit de Prince» s’impose. Et qui sait si, tapis quelque part dans la salle, ne se cachera pas un certain Joseph Kessel. Va savoir… ”
Jean Pierre Brun (manager de feu Nougaro)

– Le temps se fige

D’une voix grave et profonde, parfois sensuelle et douce, elle aborde avec beaucoup d’aisance des rythmes qui mêlent chansons tziganes et jazz. En français, anglais, russe, roumain, serbe ou portugais, elle traverse les frontières avec mélancolie, car «  mon pays est chimère sans frontières », dit-elle.

Accompagnée remarquablement par ses musiciens, elle parcourt de façon étonnante et inattendue, des registres musicaux qui allient jazz, flamenco, bossa-nova la plus pure musique tzigane. Le rythme monte sur des cadences effrénées et incandescentes, prenant une ampleur surprenante avec la danse en mille couleurs des danseurs d’Arman Vossougui. Ensemble, ils proposent un voyage insolite qui marie la Russie profonde au Brésil, l’Espagne et la France ! Pendant quelques heures, le temps se fige puisque «  rien ne presse, jusqu’au matin ».

Au rythme des balalaïkas, des guitares, des percussions et de la contrebasse, Natacha emporte son public dans des pays lointains, en interprétant, avec tendresse et nostalgie, des histoires d’amour, de passion ou de haine. Reflétant l’âme tsigane, le sentiment ne connaît pas de demi-mesure : l’intensité motive ressort chaque note, chaque accord et chaque mouvement des danseurs.

Plus qu’un spectacle, le concert de  Natacha et Nuits des Princes  est une démonstration de sensualité, de mélancolie et de passion, qui peint l’âme slave avec de multiples couleurs, révélant au monde son côté si sauvage et si tendre.

Iuliana Salzani-Cantor Dernières Nouvelles d’Alsace

Natacha et ses Nuits de Princes

– Tableaux musicaux colorés et balades sensuelles au cœur de musiques de l’Europe de l’Est.

La voix de Natacha possède une tessiture particulière qui résonne comme un frôlement de peau, une caresse, mélodieuse, troublante.

Elle nous emporte dans des pays de soleil, de vie sauvage, de passions à peine voilées, imprégnés de culture Rom et tzigane.

Au mystère de langues étranges aux consonances charnelles s’ajoute sa retenue naturelle. Toute une puissance émotionnelle qu’elle nous livre en motion contenue, reflet d’un paysage intérieur pudique, foisonnant et onirique.

Elle bouge comme la mer, dans une sensorialité contagieuse, de l’ondulation frémissante des vagues douces l’écume des rouleaux qui emportent tout sur leur passage.

Elle danse et chante comme on évoque un univers magique, en magicienne, en conteuse. Corps prolongement d’un rêve intérieur, d’une nostalgie inconsciente. Expression d’une intériorité contenue.

Elle exprime un espace musical et spatial, des mélodies visuelles, chorégraphies, ballades festives, étreintes amoureuses. Soutenue par une orchestration ciselée, aux sonorités claires et limpides, elle chante et soudain, défilent des tableaux musicaux, des moments de vie, une série de scènes aux contours précis, de la guerre l’amour, de la nostalgie la passion. Entre mélancolie et joie, entre regret et gravité, elle frôle des espaces de vie multiples et poétiques.

Dans sa voix, vibrent l’air et la terre, la poussière des steppes, la Bosnie, les Balkans, les films de Kusturica ne sont pas loin. Une grande variété de cultures nous envahit, nous emmène dans un voyage au cœur de pays proches et pourtant de l’autre côte de notre miroir.

Pays de musique, de liberté, de fêtes et de paradis perdus.

Edith Herlemont- Lassiat, critique d’art – exporevue

– De la Russie à la Hongrie en passant par les Balkans, ce sextet porté par la voix de velours de Natacha Fialkovsky offre un fascinant voyage à travers la diversité musicale tzigane. Une invitation sous les sons des balalaïkas et du jazz.

LE MONDE

– Emmené par la belle et envoûtante chanteuse Natacha Fialkovsky, ce groupe joue un foisonnant répertoire de chansons et romances russes, enrichi de sonorités jazzy, manouches et brésiliennes. A découvrir dans leur nouvel album baptisé “Comment tu t’appelles ?”. Inventif et énergique. A.G.

FIGAROSCOPE

– Un mélange envoûtant de mélodies tziganes et d’influences jazz et latine

ZURBAN

– Natacha est une belle artiste à la voix chaude et envoûtante inspirée de mélodies slaves métissées d’accents brésiliens de rythmes latins accompagnée d’excellents musiciens. Enivrez-vous de ces parfums musicaux.

PARISCOPE

– Un moment royal avec l’orchestre entourant la fatale Natacha Fialkovsky. La magie des chansons tziganes avec les deux guitares de Pascal Storch et d’Olivier Cahours.

Rémy Kolpa Kopoul NOVA

– Quel, régal ! Natacha Fialkovsky, yeux pétillants et longue crinière châtain, a entraîné le public vers l’Europe de l’Est, interprétant de sa belle voix chaude et sensuelle, des chansons qui invitent à la liberté et au voyage, joliment accompagnée de musiques d’influence manouche, brésilienne ou jazz.

La Nouvelle République du Centre Ouest

– Au rythme des balalaïkas, des guitares, et de la contrebasse, Natacha chante dune voix douce et chaude. Les romances russes, des airs tsiganes et des chansons en français sont revisités par un accompagnement inventif et pertinent : Les guitares deviennent tour à tour brésiliennes, manouches. Entre Enzo Enzo et Bratsch, les musiques russes et tsiganes trouvent avec Natacha et Nuits de Princes une fraîcheur et une ambassadrice ingénieuse.

Arnaud Toulier, Médiathèque de Paris

– La musique de Natacha et ses princes musiciens s’éloigne du folklore pour proposer de subtiles réorchestrations; ainsi les mélodies slaves se mâtinent des accents brésiliens du cavaquinho de Pascal Storch, de rythmes latinos endiablés, des subtiles touches jazzy du guitariste Olivier Cahours, le talentueux compositeur de cet album….

Guitarist Acoustic

C’était le Nouvel an « russe ». Dans la salle pleine à craquer, des interjections et des rires, du mouvement, des embrassades, des enfants qui courent, des photographes qui exigent le passage. Le genre d’ambiance que j’aime dans une salle de spectacle.
Les deux femmes apparaissent dans des robes couleur d’automne, mi tziganes mi fées shakespeariennes. Assise, Natalia Trocina joue sur sa domra comme on caresse un chaton. Debout, Natacha Fialkovsky, les cheveux relevés en chignon de matrone romaine aux boucles tombantes, nous rappelle que la balalaïka est un instrument unique dont la sonorité est incomparable. Dans les mains d’une femme, cet instrument chante d’une façon qui ne nous est pas habituelle, surtout ici, en Europe de l’Ouest.
Natacha pose son instrument et chante. Natacha chante comme personne avec une voix qu’elle module à la perfection dans tous les registres. Cette enfant d’émigrés prononce le russe comme « ceux de là-bas », c’est bouleversant.
Puis place est donnée aux musiciens. Natacha s’en va s’asseoir en bordure de scène et… nous sommes devant un tableau de musée : en contre-jour d’un projecteur, son costume, sa posture, ses bras à demi-dénudés et sa coiffure, son immobilité aussi nous imposent un point de fixation qui nous empêcherait presque de regarder ceux qui jouent.
Pascal Storch, avec sa guitare à deux manches (une curiosité dont j’ignore le nom) est l’eau qui coule et cascade comme le son du tambour sur lequel il scande parfois le rythme lent du chant auquel il participe.
Thierry Colson, à la contrebasse, souffle les sons comme le vent dans les branches ou dans les sous-pentes des maisons. Une telle légèreté sur un si gros caisson, des doigts virevoltants et un archet qui méandre tel l’oiseau dans le ciel venteux.
Puis intervient Olivier Cahours, le feu, les bûches flamboyantes, les braises crépitantes, les mains qui courent comme des flammèches, un son tantôt léger et tantôt inquiétant, une maîtrise saisissante de tous les genres musicaux à la fois.
Les femmes, naturellement, c’est la terre. La domriste, souvent assise comme devant le foyer, s’accroche aux racines de la scène et aux branches sonores de son instrument, elle chante la terre et les hommes, les fruits et les femmes. Ses yeux voient tout, ses mains suivent avec une souplesse étonnante les variations et caprices des mélodies hétéroclites que soulèvent les trois hommes.
Natacha, la matrone si jeune et si belle, parcourt les planches avec la grâce d’une avocette. Ses mains tournent et virevoltent, ses bras donnent envie de s’y blottir, ses pieds qui esquissent quelques pas de danse soulèvent virtuellement la poussière des chemins des exilés.
Dans la deuxième partie, Natacha a dénoué ses cheveux, jeune femme « so russe » ! Elle nous fait des clins d’œil, chante et joue comme on s’amuse dans une cour de récréation. Les musiciens s’en donnent à cœur-joie de mélodies tantôt jazz manouche et tantôt je ne sais quoi; Olivier se déchaîne dans le crépitement et les sanglots d’une musique qui me fait jaillir hors des frontières connues. Que je suis heureuse d’être là !
Puis, la surprise : Natacha nous « fait » un poème de Pouchkine avec des dentelles parfaitement ciselées sur fond de bossa nova.
Le châle, avec lequel elle a joué une partie du spectacle, se pose sur ses épaules et c’est la fin, les artistes s’en vont. Puis ils reviennent pour un dernier chant, une dernière joie collective pour cette soirée à partir de laquelle une année nouvelle va commencer.

Tatiana Pruzan.